Philippines : La Cour suprême empêche la diffusion de riz et d’aubergines génétiquement modifiés
Notre partenaire MASIPAG continue de mobiliser pour mettre fin à la commercialisation.
Le 19 avril, la Cour suprême des Philippines a rendu un arrêt dit « Kalikasan » à l’encontre du ministère de l’Agriculture (DA), lui ordonnant de mettre fin à la diffusion commerciale de produits à base de riz, notamment le Riz Doré (Golden Rice), et d’aubergines génétiquement modifiés.
Le recours de Kalikasan est un instrument juridique visant à protéger le droit d’une personne à « une écologie équilibrée et saine, en accord avec le rythme et l’harmonie de la nature », conformément à la section 16 de l’article II de la Constitution.
Depuis plusieurs années, MASIPAG s’oppose à la réalisation d’essais en plein champ et à la commercialisation du Riz Doré et d’autres cultures génétiquement modifiées en raison des risques élevés qu’elles présentent pour la santé, en l’absence de tests de sécurité concluants, ainsi que pour la biodiversité, en raison de la contamination génétique irréversible qu’ils pourraient entraîner pour les variétés locales et leur disparition.
Pour rappel, le Riz Doré est un riz transgénique qui contient du bêta-carotène. Il a été développé à la fin des années 1990 pour faciliter l’absorption de la vitamine A par les populations des pays en développement. Le Riz Doré, actuellement distribué à des « fins humanitaires », est breveté par l’entreprise agrochimique Syngenta, connue pour contaminer l’environnement dans le monde entier par ses cultures génétiquement modifiées, et soutenue par des institutions philanthropiques comme la Fondation Bill & Melinda Gates.
Depuis sa création, le réseau Stop Golden Rice, dont le secrétariat est assuré par notre partenaire MASIPAG, met en garde contre les dangers des solutions dictées par les entreprises aux problèmes de la faim et de la malnutrition, car elles favorisent un système agricole industriel dominé par les grandes entreprises, qui est l’une des principales sources d’insécurité alimentaire et de malnutrition selon la FAO [1]. En effet, cette situation n’est pas simplement due à l’absence d’un nutriment ou d’une vitamine importante. Elle est plutôt due au « manque d’accès à une alimentation suffisante, nutritive et sûre », qui résulte de la pauvreté et de l’évolution des modes de production et de consommation alimentaires.
Alfie Pulumbarit, coordinateur national du MASIPAG, rapporte : « Nous commençons à peine à affirmer notre souveraineté alimentaire face à ces « solutions » nuisibles et dirigées par les entreprises pour lutter contre la faim sous la forme de cultures génétiquement modifiées comme le riz doré et l’aubergine Bt. Alors que la Cour suprême vient de rendre un arrêt de Kalikasan, nous appelons tout le monde, y compris les défenseurs de ces technologies, à nous rejoindre dans notre mission pour enfin rompre avec ce système agricole rétrograde dominé par les multinationales de l’agroalimentaire et construire une véritable agriculture et un système alimentaire respectueux des paysans et de la population. »
