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Description
En Bolivie, comme dans toute l’Amérique latine, le modèle extractiviste s’est consolidé dans les dernières années. Un phénomène marquant de ce processus est l’élargissement permanent des frontières d’extraction qui réduit le territoire disponible pour d’autres utilisations et qui a un impact fortement négatif sur les droits fondamentaux de la population. Au niveau économique, ce modèle aggrave la dépendance par rapport aux prix internationaux des matières premières, mettant en péril la solvabilité du pays. De même, au niveau environnemental, un tel modèle saccage les biens naturels et est fortement nuisible pour l’équilibre écologique nécessaire à la vie. Parmi les déséquilibres provoqués par le modèle extractiviste, nous pouvons citer l’expansion de certaines cultures destinées à l’exportation (comme le soja et la canne à sucre) au détriment d’autres (le blé, par exemple) qui doivent être importés. De cette sorte, une augmentation de la production agricole ne garantit pas une contribution réelle à la sécurité alimentaire du pays. Tandis que la proportion de cultures industrielles augmente sans cesse (occupant à présent presque 80% de la surface cultivée) et l’importation de produits agro-chimiques montre une hausse soutenue, le rendement moyen peine à décoller.
Dans ce contexte, la société civile organisée bolivienne est devenue dangereuse pour le maintien du modèle. Le clientélisme et la corruption ont été utilisés pour diviser les mouvements sociaux. En même temps, des stratégies ont été élaborées pour discréditer et criminaliser la protestation sociale. Outre la répression, diverses mesures juridiques ont été prises pour restreindre la portée des organisations et mettre en danger l’existence légale de plusieurs d’entre elles. Mais pas assez. L’Etat défend de plus en plus les intérêts des multinationales et met ainsi en danger les droits d’importants groupes de population. Le CEDIB, partenaire de l’ASTM depuis 2004, a été confronté en 2017 à l’expulsion forcée de l’Université Saint Simon de Cochabamba, ainsi qu’à une procédure administrative judiciaire qui était presque terminée à Noël 2017. Des employés ont reçu des menaces de mort et sont toujours traumatisés par l’incident. En tant qu’une des principales organisations sociales dans le domaine des droits de l’homme, le CEDIB condamne régulièrement les violations des droits de l’homme, notamment par les multinationales. Il avait tiré la sonnette d’alarme en prévision d’une aggravation des conditions. « Le modèle extractiviste est devenu une menace pour les droits fondamentaux et la démocratie », déclarait Oscar Campanini, directeur du CEDIB, lors de sa dernière visite au Luxembourg.
Créé fin 1970, le CEDIB est une organisation spécialisée dans la production et la diffusion d’informations sur les droits et les ressources naturelles. Il met à disposition du public un centre de documentation et élabore des dossiers thématiques ainsi que du matériel éducatif centré sur l’exploitation de la richesse naturelle bolivienne. Partenaire ASTM depuis 2004, il est passé en quelques années d’un centre de recherche publiant des données sur les ressources naturelles et ayant une incidence dans le débat public en la matière,à une véritable ONG faisant la promotion et œuvrant pour la défense des droits humains. Dans le contexte actuel de forte pression du gouvernement sur les organisations sociales et les journalistes, notre partenaire est considéré comme une des principales sources fiables de données et d’analyses subsistant en Bolivie. Celles-ci permettent aux organisations sociales et communautaires,chercheurs et professeurs, de développer une pensée critique concernant lemodèle d’extraction intensive des ressources et sa relation avec les droitshumains.
ASTM soutient le CEDIB dans la protection de défenseurs de droits humains et la sensibilisation publique à leur égard.